Gradignan - Finale du concours d'éloquence – 15 janvier 2025
Deux visiteuses de l’ANVP, Béate Faure et Hélène Frétigne ont pu assister à la finale du concours d'éloquence. C'était la 2ème édition.
La finale du concours d’éloquence de l'établissement pénitentiaire de Gradignan a lieu dans la salle de spectacles du nouveau bâtiment en présence du jury suivant : M. MOUMANEIX, directeur du CP Valérie ROSMADE, directrice du SPIP Maître Felix MOLTENI Maître Jérôme DELAS Maître Claire-Emmanuelle MOREAU La bâtonnière Caroline LAVESSIERE Le bâtonnier Raphaël MONROUX Marianne RESSOT, adjointe au chef de détention.
Le sens du concours ainsi bien résumé par un avocat : « des fresques oratoires pour faire oublier les frasques passées ».
Chaque détenu a participé à des regroupements de préparation, d'entraînement, organisés par les avocats, 3 ou 4 regroupements sur 2 mois. Chaque détenu concourrait soit sur un thème choisi en amont dans une liste ou sur un thème de son choix. Les prises de parole devaient durer environ 5 minutes.
Nous avons entendu 10 détenus sur les thèmes suivant :
- Paul sur "c'était mieux avant"
- Nicolas sur "faut-il se méfier de l'eau qui dort?"
- Patrick sur "l'homme est-il un loup pour l'homme?"
- Marc sur "le bleu des rives du Gange"
- Cyril sur "l'avocat raconte-t-il toujours des salades?"
- Jean-Luc sur "le coup de foudre est-il mortel?"
- Aïd sur "plaidoierie" (il jouait son propre avocat explicitant son parcours de vie à son procès fictif)
- Nathalie sur "peut-on rire de tout?"
- Sophie sur "les heures perdues"
- Benoît sur "sommes-nous libres?"
C'est Nicolas qui a remporté le concours. Il a reçu la bande dessinée de Pascal Bresson « Robert Badinter ». Chacun a reçu un « diplôme » de participation au concours et le livre de Bertrand Perier « La parole est un sport de combat » dédicacé. Le public comptait une trentaine de personnes : aumôniers, CPIP, enseignants, surveillants, membres d'associations….
Voilà une initiative particulièrement intéressante. C’est clairement une aide à la prise de parole, à travailler sa posture et à gagner en confiance en soi, gestion de la parole si importante dans le milieu de la dilinquance où les émotions sont souvent exprimées par la violence et non par la parole.
On a pu percevoir une certaine complicité entre certains avocats et les détenus qui se voyaient pour la 3ème ou 4ème fois.
Un point d’amélioration : les détenus faisaient face au jury mais tournaient le dos au public, ce qui nous empêchait de voir leurs expressions et ce qui nous faisait perdre en qualité d'écoute. Il aurait probablement été préférable qu'ils soient face à tout le monde, avec par exemple un jury installé au premier rang et le public derrière. Il aurait été également intéressant de rappeler le process de ce concours (sélection des candidats, nombre de rencontres avec les avocats, méthodes utilisées, progrès faits…) ainsi que des critères de jugement du jury.
Un buffet a permis de patienter durant la longue période de délibération du jury a été. Ce moment a été l’occasion pour tout le monde, spectateurs et détenus de se mélanger et d’échanger sur le concours. Nous avons donc pu aller leur poser quelques questions sur leur méthode de préparation. Certains détenus étaient au quartier confiance mais pas tous. Cette démarche a permis d’installer un esprit de groupe entre eux car ils s'encourageaient du regard et étaient contents de se retrouver.
ANVP et Administration pénitentiaire
19/01/2025