Une nouvelle forme d'action contre la récidive, le parrainage de désistance
En juillet de cette année, l’Administration pénitentiaire a publié une étude intitulée « Mesurer et comprendre les déterminants de la récidive des sortants de prison », étude réalisée sur 41 500 personnes sorties de détention en 2016. Comme le titre RTL dans cet article, reprenant le journal Le Monde du 13 aout (article réservé aux abonnés), il en ressort principalement que 31% des sortants récidivent dans les douze mois. Si cette étude répertorie les causes de la récidive, l’action sur celle-ci relève des SPIP (Services Pénitentiaires d’Insertion et de probation) au sein de l’Administration pénitentiaire. Ce sont des services à l’échelle départementale de l’administration pénitentiaire, chargés d’assurer le contrôle et le suivi des personnes placées sous main de justice (PPSMJ) en milieu ouvert ainsi qu’en milieu fermé.

Crédit photo : SPIP de la Drôme
Fin-juin 2021, le journal Sud-Ouest faisait paraitre un article intitulé « Gironde : le Spip cherche des bénévoles pour parrainer des auteurs d’infraction ». Il est illustré d’une photo prise par le SPIP de la Drôme. On y voit des hommes et des femmes de tous âges et de tous horizons. Ce sont des « parrains », personnes ayant accepté de soutenir des personnes placées sous main de justice, les « filleuls », dans leur retour dans la société. Définition plus complète ici.
2016 est l’année où le SPIP de la Drôme, inspiré par le dispositif de la justice restaurative dont il mesure la difficulté de mise en place, a eu l’idée du « programme de parrainage de désistance ». Ce programme est présenté en détail dans ce document intitulé « Le Programme de parrainage de désistance (P.P.D.) : une mise en lien concrète française de la justice restaurative et de la désistance« .
La désistance est la sortie de la délinquance et de la criminalité, ou tout ce qui amène une personne à quitter la voie de la délinquance.
Le parrainage de désistance s’adresse à des personnes placées sous main de justice (PPSMJ) en dehors d’un établissement pénitentiaire, souffrant d’isolement ou sans relations positives capables de les soutenir dans le retour au sein de la société. Elles sont repérées et sollicitées par les conseillers d’insertion et de probation dont elles dépendent.
Les parrains sont des bénévoles venant de tous les horizons de la société ; il ne leur est pas nécessaire d’avoir d’autres connaissances dans le domaine de la justice que celles qui leur seront fournies lors de la journée de formation préalable à toute action. Ils ne doivent pas être suivis par la Justice ou avoir une affaire en cours. Mais ils peuvent être anciens condamnés ou même anciens filleuls. Elles sont d’abord reçues par le SPIP.
Une première réunion parrains/filleuls va permettre à tous de faire connaissance et de se choisir. L’engagement réciproque va porter sur une période de 4, 6, 8 mois ou plus, selon les besoins du filleul. Cet engagement est reconductible.
Parrain et filleul doivent échanger au moins une fois par semaine, par téléphone ou physiquement dans l’espace public (ni chez l’un ni chez l’autre).
Chaque mois, tous les parrains et filleuls se retrouvent pour échanger sur le vécu du mois et les avancées ou les obstacles rencontrés. C’est une de ces rencontres que nous présente la vidéo citée au 3e paragraphe.
C’est l’écoute bienveillante et amicale mais sincère du parrain qui permettra au filleul d’échapper aux nombreux écueils qui l’attendent à sa sortie de prison et peuvent le conduire à la récidive.
En plus du document cité ci-dessus, vous pouvez consulter le flyer élaboré par le SPIP de la Gironde à destination des personnes qui ont participé aux réunions d’information annoncées dans l’article de Sud-Ouest de fin-juin et lire cet article de Rue89Bordeaux du 2 septembre.
Pour le moment, le parrainage de désistance est opérationnel à Valence et à Roanne. Il démarre sur Bordeaux. Vu l’enthousiasme des personnes qui se sont lancées dans ce dispositif, on peut supposer qu’il fera des émules dans d’autres départements.
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02/09/2021