Des bénévoles de l’ANVP visitent des mineurs détenus

Yves-Marie Brient, président de l'ANVP, Hubert Gourden, secrétaire, et Didier Bazin, délégué général du Grand Ouest, ont rencontré le 26 janvier dernier la directrice de la Protection Judiciaire et la Jeunesse (PJJ), l’une des directions du Ministère de la Justice.

Plusieurs équipes de bénévoles de l’ANVP visitent des mineurs détenus dans les quartiers-mineurs des centres pénitentiaires (QPM) ou dans les Établissements pour mineurs (EPM), mais elles sont peu nombreuses. La rencontre avec la PJJ avait pour but de créer les conditions pour une plus grande présence de notre association auprès des mineurs détenus.

La PJJ considère positivement la présence de membres de la société civile auprès des mineurs, au même titre qu’auprès des majeurs. Bien que suivant des jeunes principalement en milieu ouvert, elle privilégie l’action des bénévoles en milieu fermé. Elle souhaite que les modalités d’intervention de membres de l’ANVP soient précisément définies par une convention. Cette convention définira également les formations dont ils devraient bénéficier ainsi que les modalités de leur agrément, sachant que les SPIP n’interviennent pas dans les EPM.

Le démarrage opérationnel de la coopération entre l’ANVP et la PJJ est prévu pour septembre 2022, après que la convention aura été élaborée en tenant compte de l’expérience des visiteurs déjà présents auprès de mineurs.

Les mineurs détenus

Au 1er novembre 2021, on comptait 726 mineurs détenus, soit 1% de la population carcérale. Un tiers d’entre eux sont détenus dans 6 établissements pour mineurs (EPM), les deux tiers dans 46 quartiers pour mineurs (QPM). La durée de détention est en moyenne de trois mois et demi. Environ 3 000 mineurs entrent en détention chaque année.

Une caractéristique de la détention des mineurs est la prévalence de la détention préventive. Elle concerne plus de 72% d’entre eux. Environ 80% des mineurs détenus le sont pour des délits, et 20% pour des crimes, en majorité de nature sexuelle. Ils ont eu, pour la plupart, souvent affaire à la justice et ont fait l’objet de mesures en milieu ouvert avant d’être incarcérés.

Une autre caractéristique est le décrochage scolaire, qui s’observe chez 82% des mineurs détenus, dont 65% depuis plus d’un an. S’ajoute à cela le nombre de « mineurs non accompagnés », des jeunes arrivés en France sans leurs parents et qui, pour beaucoup, ne parlent pas le français. La rescolarisation est une priorité de la prise en charge par la PJJ.

L’encellulement individuel est la règle, tant en EPM qu’en QPM.

Le taux d’encadrement des mineurs incarcérés est plus élevé que celui des majeurs. Le coût moyen d’une journée de détention était estimé en 2016 à 536€ en EPM et à 124€ en QPM. L’intervention des bénévoles doit s’insérer dans un planning d’activités plus chargé qu’en détention adulte.

Enfin il convient de signaler une spécificité de l’action auprès des mineurs : le rôle des parents, dont l’accord peut être sollicité ou qu’il faut simplement informer, selon les cas.

L’action de l’ANVP

Le magazine Le Visiteur a publié en janvier 2020 dans son n°30, un article de Bernard Morin, visiteur à Bordeaux Gradignan, intitulé « rencontrer des jeunes personnes détenues mineurs, des initiatives enthousiasmantes ».

L’article soulignait une particularité : le temps d’incarcération est plus court qu’en détention adulte. Ceci implique de trouver des alternatives dans la relation, avec des activités qui peuvent se dérouler sur une ou deux visites : par exemple, des séances de jeux ou des ateliers écriture.

Bernard soulignait que les questions de concentration, de relation à l’autre sont différentes de celles avec le public adulte.

L’article était illustré de cinq témoignages de visiteurs et visiteuses ANVP présents au quartier mineur du centre pénitentiaire de Gradignan, Tous soulignaient la qualité des relations établies avec ces jeunes, même les « caïds ». « Finalement, ils m’apportent beaucoup ! » soulignait une participante.

Xavier Denecker, visiteur à Bordeaux-Gradignan